
Ambroise THOMAS
1811 - 1896
Fils d'un musicien originaire
de Metz, il apprit la musique en même temps que l'alphabet. Au Conservatoire
de Paris, il suivit les cours de Lesueur tandis que Kalkbrenner lui enseigna
le piano. En 1832, il remporta le Grand Prix de Rome et, pendant son séjour
en Italie, il composa avant tout de la musique de chambre.
En 1837, il composa surtout
des opéras qui tous furent représentés. Thomas avait atteint sa cinquante
cinquième année lorsqu'il acquit la gloire grâce à son opéra Mignon,
sur un livret tiré du roman de Goethe, Wilhelm Meisters Lehrjahre.
Son succès fut suivi de celui de Hamlet (1868), inspiré par la
tragédie de Shakespeare. Thomas destinait tout d'abord la partie de
Hamlet à un ténor, chose que toute la psychologie de tout le devoir
justifiait, exigeait même, mais comme on n'arrivait pas à trouver de
chanteur qui fut à même de chanter cette partie fort lourde, le compositeur
la modifia pour voix de baryton. A la mort d'Auber, directeur du
Conservatoire (1874), Thomas lui succéda, et en ce sens on peut dire que la
gloire lui fut fatale, puisque cette direction enleva à Thomas les loisirs,
qu'entre autres circonstances il aurait pu consacrer à la composition.
Mignon
Tragédie lyrique en 3 actes et
5 tableaux
Livret de Jules Barbier et Michel Carré
d’après "Wilhelm Meisters Lehrjahre" de Goethe
Créée le 17 novembre 1866 à la Salle Favart - Paris
Prologue
Devant un paysage italien imaginaire, la Dame du Lac, tel un
fantôme fait d’algues et de feuilles, erre portant de mystérieux ossements.
Acte 1
Dans le jardin d’une auberge de forêt où logent Philine et
Laërte, deux comédiens sans emploi, passe Lothario, un vieux chanteur errant
à la raison troublée. Arrive une troupe de gitans dont leur chef, Jarno,
propose de divertir la compagnie et oblige Mignon à danser, en la menaçant
d'un bâton. Lothario et Wilhelm Meister, un riche étudiant s’interposent.
Mignon, un être étrange, ni fille ni garçon, semble avoir tout oublié de son
passé, de ses origines. Seules quelques images de son enfance heureuse en un
pays lointain lui restent à la pensée. Peut-être l’Italie, demande Wilhelm ?
C’est là qu’un jour Jarno l’a trouvée et enlevée poursuit-elle avec angoisse
sans vraiment lui donner de réponse. Wilhelm décide de l’arracher des mains
des gitans en la rachetant à son ravisseur. Lothario ressentant pour
l’adolescente un inexplicable intérêt propose d’emmener Mignon avec lui mais
Wilhelm, estimant qu’elle ne serait pas en sécurité avec le vieux musicien,
préfère la garder auprès de lui. Mignon manifeste alors sa joie. Cependant,
la troupe des comédiens est invitée par le Baron de Rosemberg à donner une
représentation dans son château et Philine qui a déjà un soupirant en la
personne de Frédéric, neveu du même Baron de Rosemberg, demande à Wilhelm de
la suivre.
Acte 2
Premier tableau
Dans son boudoir au château de Rosemberg, Philine se prépare pour la
représentation du "Songe d’une Nuit d’Eté". Arrive Wilhelm, suivi de Mignon
habillée en page. Celle-ci, secrètement amoureuse de Wilhelm, feint de
s’endormir mais elle surveille en fait Wilhelm qui courtise l’actrice.
Restée seule, Mignon décide d’imiter Philine, se maquille, quitte sa livrée
de page et se déguise de l’une des somptueuses robes de l’actrice. A la
recherche de Philine, Frédéric entre alors dans le boudoir et se heurte à
Wilhelm qui de son côté cherche Mignon. Les deux hommes rivaux, sont prêts à
se battre lorsque Mignon, survient et les sépare. Tandis que Frédéric quitte
la chambre en éclatant de rire devant ce tableau, Wilhelm, lui, est
profondément trouble par la vision qu’il a, pour la première fois, de Mignon
dans son éclat et ses attraits de femme. Il dit à Mignon qu’il vaut mieux
qu’il se sépare d’elle mais en fait l’Amour a pris naissance en lui.
Second tableau
Dans un parc du château, Mignon, jalouse et désespérée, veut se jeter dans
le lac quand la musique du luth de Lothario la retient mystérieusement. Que
le château s’embrase avec tous ses invités s’écrie-t-elle avec passion !
Lothario surprend l’Amour de Mignon pour Wilhelm. Dans le jardin d’hiver du
château qui donne sur le lac, le spectacle du "Songe d’une Nuit d’Eté" se
termine et Philine, triomphante dans le rôle de Tatiana, est acclamée de
toutes parts. Wilhelm, en revanche est rongé par le remords et s’en veut
d’avoir été cruel envers Mignon. Philine à son tour jalouse demande à Mignon
d’aller chercher dans sa loge le bouquet de fleurs que lui a donné Wilhelm.
Mais, à peine est-elle entrée dans le jardin d’hiver que celui-ci est en
proie aux flammes ; Lothario a exécuté le voeu de Mignon. Au risque de sa
vie, Wilhelm se précipite alors au secours de Mignon. Il la ramène
inconsciente mais sauvée. Il sort en la portant dans ses bras.
Acte 3
Nous sommes dans une Italie imaginaire rêvée par Mignon, qui
inconsciente est allongée sur un lit de feuilles et de mousse sous de grands
arbres au bord du lac. A son chevet, Wilhelm et Lothario. Dans le lointain,
on aperçoit un palais aux fenêtres fermées. C’est celui des Cypriani.
Lothario bouleversé par ce lieu retrouve alors sa raison : il est le maître
de ce palais et Mignon est sa fille. Celle-ci peu à peu revenue à elle se
remémore une prière qu’elle récitait, enfant et retrouve ainsi son identité.
L’Italie est son pays et Lothario est son père. Quant à Wilhelm, il lui
avoue son amour mais trop tard, le fil de la vie de Mignon s’interrompt,
brisé par l’émotion. A la frontière de l’Au-delà, La Dame du Lac apparaît.
C’est sa mère qui l’attend et lui tend les bras. C’est là que Mignon
trouvera enfin le bonheur.